En masseria dans les Pouilles - La vigne, la mer et le baroque

Déjà prévu au programme - La mosaïque d’Otrante. Bien sûr, la densité castrale du château d’Otrante impressionne mais, ce qui étonne, c’est que toute cette pierre blanche ait lancé la vogue du roman noir : The Castle of Otranto, Horace Walpole, 1764. Avec votre guide francophone privé, vous allez aussi visiter la cathédrale di Santa Maria Annunziata. Le monument, exceptionnel à bien des égards, conserve notamment un sol en mosaïque du XIIe siècle qui, par ses dimensions et la richesse de ses thèmes, se situe au premier rang de l’art médiéval de la tesselle. Les restes des martyrs d’Otrante - exécutés en août 1480 par Gedik Ahmed Pacha - occupent plusieurs armoires et cet ossuaire en vitrine donne à l’église quelque chose de bouleversant. Ensuite de quoi, une glace rééquilibre les humeurs.

Route vers le nord par Lecce, baroque city des Pouilles. Installation pour deux nuits au sud de Manduria, à nouveau dans une masseria nichée au milieu des oliviers. Et des vignes. A ce propos, c’est ici que furent plantés les premiers pieds régionaux de primitivo, cépage destiné à faire parler de lui. Les bâtiments sont construit dans une pierre dont la patine grise s’éclaircit à la lumière jusqu’à sembler blanche. La cour dallée est splendide et de nombreux détails d’architecture dénotent un sens esthétique étonnant sur la longue durée. Les chambres bénéficient de tout cela. Le restaurant maison utilise de nombreux ingrédients issus de la propriété, auxquels une technique sophistiquée fait honneur. Des massages et des cours de yoga sont proposés sur place. Pas de piscine mais, à quelques minutes de route, les plus belles plages du coin : Punta Prosciuto et Torre Borraco.
En option - Baroque de Lecce et pasticciotto.

Le centre historique de Manduria abrite des palais et sanctuaires sobres et équilibrés. Autour de la Chiesa Madre, l’ancien quartier juif, la giudecca. Via Maruggio, le Calvaire est la réalisation d’une espèce de facteur Cheval catholique, Giuseppe Renato Greco. Le parc archéologique documente l’antiquité de la ville ; les remparts donnent une haute idée du génie civil messapien. Quant à la vigne régionale, elle produit pour la cave, mais aussi pour la table : le raisin d’Apulie jouit d’une ancienne réputation d’excellence. Au nord de Manduria se trouve Oria. La ville est une première occasion de contact avec l’œuvre de bâtisseur de Frédéric II de Hohenstaufen. Celui-ci a commandé la construction du château, auquel les Angevins n’eurent qu’à ajouter deux tours rondes. Autour, églises Renaissance - Saint Dominique, Saint François de Paule - et baroques - cathédrale de l’Assomption de la Vierge, Saint François d’Assise, Saint Jean Baptiste.

Poursuite de la route vers le nord. Installation pour deux nuits au sud-est d’Ostuni, dans un ancien dépôt de sel. Les bâtiments datent du début du XVIIIe siècle. On est familier désormais de cette ample et belle architecture. Alors, pierre et chaux parmi des oliviers dont le tronc renflé fait penser à des pieds de cèpes. La rusticité ici sait être élégante et douce sans cesser d’être vigoureuse. Les chambres avec vieux dallage ont quelque chose de plus, vraiment. Le restaurant tire son huile d’olive, ses fruits et ses légumes des sept hectares de la propriété. Les viandes sont fournies par des producteurs sûrs. Avec tout cela et ce qu’il faut de savoir-faire, la cuisine apulienne - orecchiette, lapin au four, purée de fèves, etc. - intègre le grand répertoire italien. Le plaisir gustatif est sans remord, d’autant que vélos et piscine permettent de se donner une activité balançant les agapes.

La Citta Bianca a fière allure sur ses collines. Elle a de quoi lever le fronton, car c’est l’une des plus jolies villes des Pouilles. Les ruelles dallées grimpent à travers l’imbrication des maisons anciennes, où de nombreux artisans ont leur atelier. La cathédrale gothique de l’Assomption, souplement coiffée, couronne le tout. Contre le carmel, l’église di San Vito Martire présente une façade baroque où la manière de Lecce met de virevoltantes ornementations - XVIIIe siècle. L’église dello Spirito Santo, etc. Au nord-ouest d’Ostuni, la vallée d’Itria recèle des gorges spectaculaires, des grottes et peut, à juste titre, revendiquer le surnom de vallée des Trulli, tant ils marquent le paysage. Les rapaces nocturnes, chouettes et hiboux, y vivent nombreux.
En option - Trulli d’Alberobello et produits du terroir.

Route pour Matera. Installation pour deux nuits dans la campagne. A l’époque de sa plus grande activité, le ferme hébergeait une quarantaine de familles de massari. C’était un village à part entière. Rien de cet art de faire cohabiter les gens ne s’est perdu. On retrouve l’esprit masseria, mais avec cette fois une option déco plus délibérée. Les chambres y gagnent une touche de sophistication auxquels les vieux murs prêtent volontiers leur calcaire. Elles sont au demeurant équipées pour répondre à toutes les exigences des voyageurs d’aujourd’hui. Le restaurant propose de délicieux petits déjeuners, de savoureux déjeuners et des dîners succulents. Dans le style régional, est-il besoin de préciser ? Au jardin, une belle piscine. Des massages administrés par des praticiens confirmés sont proposés aux hôtes. On peut aussi louer des vélos.

Déjà prévu au programme - Eglises rupestres des Sassi. Lorsque Pasolini est allé à Jérusalem faire des repérages pour son film L’Evangile selon saint Matthieu, il a trouvé le site un peu moderne. Il a alors pensé aux Sassi de Matera. C’est dire que cet ensemble est archaïque et plein d’esprit, d’âme. Ermitages, monastères, maisons, citernes ont été aménagés dans le tuf calcaire au fil du temps. Des moines byzantins, installés là pendant le Haut Moyen Age, ont décoré leurs églises de fresques dont on peut encore apprécier la splendeur fervente, ainsi à San Nicola dei Greci ; ils firent des émules, à Santa Maria de Idris, à Santa Barbara, notamment. Visite avec un guide francophone privé.

Route pour Andria. Installation pour deux nuits juste au nord du parc national des Hautes Murge. Bio-agriculture (oliviers, vigne, amandiers, cerisiers) et feng shui (accueil des voyageurs) sont les principes mis en action pour l’aggiornamento récent du domaine. La ligne de quarante cheminées qui couronne une des ailes, correspondant à autant de logements destinés aux ouvriers agricoles, marque l’importance du domaine au début du XXe siècle. L’intérieur met bien entendu à profit les qualités esthétiques et techniques du bâti. Dans votre chambre, matelas en latex naturel (sur un lit disposé au nord, c’est mieux), draps de coton non traité, savon à l’huile d’olive, etc. En cuisine, le chef travaille des ingrédients green avec maestria et engagement. Résultat terroir et succulent. Chaises longues et hamacs font à la piscine un nimbe de bonne paresse. Afin d’explorer la campagne, vous louez des vélos. Et, pour vous distraire le soir, vous poussez la porte de la salle de cinéma.

La cathédrale d’Andria combine roman, gothique et baroque ; elle possède une Sainte Epine, comme, par exemple, Saint Sernin à Toulouse ou Santa Maria del Fiore à Florence ; elle abrite le tombeau d’Isabelle II de Jérusalem, femme de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, XIIIe siècle. De Castel del Monte, château fort octogonal construit par Frédéric à quelques km de la ville, émane une certaine idéalité géométrique. Inscrit au patrimoine mondial. Autre titre de gloire, Andria serait le berceau de la burrata. Vers l’est, Barletta associe littoral adriatique et patrimoine. Immédiatement à l’ouest, le parc national Alta Murgia. L’érosion d’un plateau calcaire (dolines, ravines, grottes) et le pastoralisme l’on configuré. Les trulli, abris à toit de lauses conique, caractéristiques du pays, témoignent de cet élevage transhumant. La seule race de cheval purement italienne, le solide Murgese, est née ici. Au nombre des résidents sauvages, il faut compter le loup, le sanglier, l’outarde canepetière ou la coccinelle.
En option - Castel del Monte.