Ah ! Manchester... En voilà une ville de passionnés. De musique (Joy Division, The Smiths, Happy Mondays) et de football (Manchester United FC, The Red Devils). La culture, pop ou non, se trouve aussi du côté des musées, des théâtres, et s'affiche sur les façades d'un patrimoine architectural solide et diversifié. L'atmosphère d'ici tranche étonnamment avec l’image assez sombre héritée du textile et de la révolution industrielle. Tandis que la cité, résiliente, se préparait à un nouveau rebond après les difficiles décennies 1960-80, sa jeunesse, elle, se vouait corps et âme à la musique. À peine arrivé, on file déjà en pèlerinage à l'Albert Hall, ancienne chapelle – longtemps restée cachée – transformée en mythique salle de concert. Un lieu magnifique à l'acoustique idéale et à la programmation rock, pop et électro pour le moins éclectique. Même sans assister à un concert, on pourra s'imprégner de l'énergie unique du lieu en sirotant une bière ou un cocktail au bar. Vos premiers pas dans la ville pourraient aussi vous mener au coin de Whitworth Street et Albion Street où, de 1982 à 1997, la célèbre Haçienda, club du label Factory Records, fit danser toute une génération de noctambules. Une scène foulée par Madonna qui y donna, en 1984, son premier concert hors des frontières des États-Unis, ainsi qu'Oasis, les Stone Roses, Sub Sub ou encore les Chemical Brothers. Et l'une des premières salles de Grande-Bretagne à jouer de la house – au cœur des célèbres "Nude Nights" du vendredi soir, soirées entièrement dédiées à ce genre musical – drainant d'innombrables DJs de génie, à l'instar de Mike Pickering ou encore Little Martin de Greme Park. Une petite révolution à l'époque.
Vous passez la nuit dans un hôtel central résolument urbain, arborant une décoration contemporaine teintée de jolies touches industrielles aux faux airs de Brooklyn – brique rouge, béton ciré, éléments métalliques, illustrations aux motifs citadins black and white tatouées sur les murs des chambres par ailleurs confortables et parfaitement équipées. Au restaurant, la cuisine officie sous influence américaine. Quant au bar, il est digne des traditions du Royaume-Uni.
Au programme - Balade rock'n'roll, en privé. Musique et histoire ne font qu'une à Manchester, où la moindre balade réveille nécessairement la nostalgie d'un groupe iconique, d'un concert mémorable, d'un lieu encore imprégné de larsens et d'excès nocturnes. C'est ici que, dès 1964, la BBC enregistre l'émission Top of the Pops. Ici aussi que, dans les années 70, la frénésie post-punk accouche des Buzzcocks et de The Fall, investissant les entrepôts désaffectés, anciennes filatures de brique rouge où, désormais, la cité mancunienne installe studios, bars et disquaires. Ici encore que, dans les années 80, ont percé les Stone Roses et Happy Mondays, porte-étendard du "Madchester", courant émancipé et enfiévré ne rentrant dans aucune case. Indissociable de ce tourbillon créatif : le Factory Records, label fondé par Tony Wilson ayant propulsé Joy Division sur le devant de la scène. L'ombre de Ian Curtis, charismatique leader du groupe, plane encore sur la ville, et notamment sur Stratford, son quartier natal. Aux côtés d'un guide, vous arpentez la ville à la recherche des marques laissées par tant d'artistes au fil du temps.
Dans l'après-midi, trajet en train pour Liverpool et installation pour deux nuits sur les docks, dans un hôtel élégant occupant un ancien entrepôt réhabilité avec goût sans rien perdre du cachet de son architecture d'origine. On retrouve donc sans surprise de jolies références au passé des lieux, notamment au restaurant et au bar qui jouent habilement la carte du look industriel. Mais aussi au spa qui a trouvé sa place dans un dédale de voûtes de briques, superbement rénovées et éclairées. Entre deux visites sur la trace des Beatles, des créateurs du Titanic ou encore au Tate Liverpool, on pourra rentrer à l'hôtel pour l'afternoon tea et déguster à l'anglaise scones, sandwichs et pâtisseries accompagnant l'incontournable cup of tea.
Bienvenue chez Les Beatles, mais aussi chez Frankie Goes to Hollywood et The Zutons, pour n’évoquer qu'eux. Et puis, il y a les docks qui, ici aussi, ont opéré une reconversion en zone culturelle et festive. Et si la Seconde Guerre mondiale n’a pas été clémente pour Liverpool, elle n’a pas tout rasé. Le Speke Hall, l’Hôtel de Ville ou la cathédrale anglicane Church of Christ, terminée en plein Liverpool Blitz, se combinent toujours joliment à l'héritage de l'après-guerre.
Au programme - Sur les pas des Beatles en Hackney taxi. Pour tout fan des Beatles, Liverpool est un véritable musée à ciel ouvert. Et pour les autres aussi d'ailleurs. Mais quitte à remonter le temps, autant le faire avec un moyen de transport au diapason : un authentique Hackney, traditionnel taxi noir so British. Confortablement installé sur la banquette arrière, on file vers la banlieue de Liverpool qui a vu naître les membres du groupe. Devant l'église St Peter, à Woolton, on commémore la toute première rencontre entre Paul McCartney et John Lennon, en 1957. On passe avec émotion le portail rouge de Strawberry Field, lieu qui inspira la désormais culte Strawberry Fields Forever. Une jolie balade mélomane qui sera peut-être suivie d'une soirée au Cavern Club, salle iconique qui vit les débuts des "Fab Four" et accueillit le gratin du jazz, du rock et de la pop.
Trajet en train pour Londres. Transfert privé pour Kensington et installation pour trois nuits au sein d'un hôtel doté d'un charme indéniable, construit à la fin du XIXe siècle dans le but d'accueillir les visiteurs de l'Exposition Universelle. On adore son élégante façade victorienne et le charme qui se dégage des salons aux délicieux détails vintage – canapés Chesterfield en velours, lustres baroques et dorures, tapis à motifs, vitraux, meubles en marqueterie, lourds rideaux drapés, têtes de lit sculptées, cheminées anciennes, poutres apparentes, moquette moelleuse, mobilier d'époque. Au bar – certainement notre pièce préférée – on aurait presque envie d'allumer un cigare et de commander un brandy. L'atmosphère, superbement feutrée, les fauteuils en tartan, le lambris, les moulures et le comptoir en bois s'y prêtent parfaitement. Dans les chambres, même harmonie désuète, même voyage dans la Victorian era accompagné d'équipements de notre époque. Le restaurant, où opère un chef émérite, sert une cuisine variée et raffinée et propose notamment un très londonien "pre-theater menu", le fameux "cinq à sept", qui fait la part belle aux produits britanniques. Quant aux amateurs d'English breakfast, ils ne seront assurément pas déçus. Joyeuse coïncidence, votre hôtel se trouve à Kensington, quartier sur lequel Freddy Mercury, qui y avait sa maison, règne encore en maître spirituel.
Au programme - Londres, de la culture punk à la new wave. En compagnie d'un passionné de musique connaissant Londres comme sa poche, vous marchez durant quelques heures sur les pas des grands noms ayant marqué la scène musicale locale, des Beatles à Amy Winehouse en passant par David Bowie. Une jolie balade qui vous mènera nécessairement du côté du Royal Albert Hall, incontournable salle de concert, et dans le quartier de Mayfair où se trouve la Handel Hendrix House qui rend hommage en un même lieu aux talents du compositeur baroque Georg Friedrich Haendel – devenu citoyen britannique en 1727 – et à ceux du rockeur de génie Jimi Hendrix. Sans oublier un passage immanquable par le quartier de SoHo où bat encore l'un des cœurs du rock'n'roll national.
On profitera de se trouver dans les parages pour arpenter en long, en large et en travers Carnaby Street, ruelle piétonne emblématique blottie entre Regent Street et Oxford Street et passage obligé pour quiconque s'intéresse au patrimoine musical britannique. C'est ici que s'est habillée toute une génération de mods, babacools, beatniks, rockeurs et autres hippies. Si, désormais, des enseignes plus normées ont remplacé les vitrines où s'affichaient chemises indiennes, fanfreluches et breloques en tous genres, certaines ont conservé pignon sur rue – The Great Frog, roi des bijoux à tête de mort exhibés par les membres de Metallica, mais aussi des studios de tatouage et piercing réputés. On trouve également à proximité la marque créée par Liam Gallagher, l'un des frères fondateurs d'Oasis, et quelques repaires de créateurs et décorateurs tendance.
Indissociable de la scène musicale londonienne, David Bowie vous donne rendez-vous au David Bowie Center (vous avez les billets en poche) orchestré par le Victoria & Albert Museum, tout proche de votre hôtel. Un espace entièrement dédié au musicien à l'aura légendaire, père de Major Tom, Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Halloween Jack et du Thin White Duke, où sont exposés plus de 90 000 objets lui ayant appartenu. Costumes, disques et instruments, of course, mais aussi dessins, manuscrits et installations audiovisuelles. Énorme privilège, les visiteurs pourront même demander à consulter certaines pièces provenant des archives personnelles de David Bowie. De quoi faire perdre la tête aux fans et réveiller l'intérêt de ceux qui auraient oublié la créativité hors du commun du chanteur aux yeux vairons.
À voir, à faire - Au 90 Wardour Street, vibrer dans le légendaire Marquee Club qui, hormis les Beatles, accueillit toute la scène du British rock (le lieu, transformé en restaurant, donne toujours quelques concerts le week-end) ; aller remercier, sur Anne's Court, les studios Trident où enregistrèrent Queen, Genesis, Frank Zappa, Elton John, Lou Reed mais aussi... Véronique Sanson ; faire du lèche-vitrine sur Denmark Street et lorgner sur les guitares, saxophones et grosse caisses ; plonger dans les bacs de vinyles des disquaires de Berwick Street ; s'imaginer à la table de Mick Jagger et David Bowie au Café Royal, à côté de Piccadilly ; siroter un verre au Scotch, dans le quartier de St James, repaire des Animals, de Stevie Wonder et des Who où les cocktails s'appellent désormais London Calling, Hard Day's Night, Purple Haze...
Au programme - Rencontre avec un artiste, ancien journaliste, critique musical et passionné d'histoire qui collectionne les vinyles depuis les années 70. Une personnalité attachante qui n'a pas son pareil pour raconter sa ville à travers ses artistes : les Swinging Sixties, la période londonienne de Bob Dylan ou de truculentes anecdotes sur les Beatles. Un joli moment de partage entre mélomanes.
On profitera de ce dernier jour dans la capitale pour suivre la trace d'Amy Winehouse qui marqua le sulfureux borough de Camden à tout jamais. Haut lieu alternatif de Londres, ce dernier aimante depuis des décennies gothiques, punks et autres amateurs de rock aux tenues cool. Et pour cause, la Roundhouse, ouverte en 1966, a vu se produire sur sa scène des noms à résonnance éternelle – les Doors, les Pink Floyd, Jimi Hendrix – en intermittence avec des groupes moins connus comme les Libertines ou Madness. Camden a adopté Amy Winehouse autant que cette dernière l'a adopté. Et son ombre plane encore sur le Stables Market, lieu de son premier job – désormais honoré d'une statue de la chanteuse –, sur le Dublin Castle, où elle chanta en 2007 lors du festival de Camden Crawl, sur le parc de Primrose Hill ou encore sur le Hawley Arms, pub qu'elle fréquentait régulièrement.
En option, pour les stars en devenir - La réservation d'une session d'enregistrement aux studios d'Abbey Road.
En fin de journée, transfert privé pour la gare ou l'aéroport et trajet international retour.
