Capitale
Reykjavik.
Climat
Climat subpolaire océanique sur les côtes sud et ouest, ainsi qu’au fond de l’Eyjafjördur ; climat de toundra ailleurs. Brrr, mais le Gulf Stream tempère à la périphérie les rigueurs attendues. L’hiver, la température moyenne à Reykjavik est de l’ordre de 0° Celsius ; à l’intérieur, elle tourne autour de -10°. L’été, dans le sud, la moyenne des températures se situe entre 10° et 15°. Ponctuellement, on peut avoir jusqu’à 25°. Les vents sont ordinairement d’ouest et forts. Ils peuvent provoquer de violentes tempêtes de poussière. Le trait majeur de la météo est sa variabilité. Un caractère instable dont les voyageurs doivent tenir compte. Très longues journées en été, brèves l’hiver, mais aurores boréales fréquentes en compensation, de septembre à avril.
À Reykjavik, les températures moyennes sont de 0,6° Celsius en janvier ; de 6,9° en mai ; de 11,4° en août ; de 2,2° en novembre. À Höfn, sur la côte est, elles sont respectivement de 1,1° ; 6,8° ; 11° ; 2,7°. À Raufarhöfn, tout au nord, de 1° ; 3,9° ; 9,4° ; 0,6°. À Akureyri, dans l’Eyjafjördur, de 0,4° ; 6,8° ; 11,4° ; 0 ,8°.
Géographie
SUPERFICIE : 103 000 km².
POINT CULMINANT : Hvannadalshnjukur, caldeira de l’Öraefajökull, 2 110 mètres.
PAYS LIMITROPHES : frontières maritimes avec la Norvège et le Danemark (Groenland/îles Féroé).
L’Islande est baignée par le détroit du Danemark à l’ouest, la mer du Groenland au nord et l’océan Atlantique à l’est et au sud. Elle se trouve sur la dorsale médio-atlantique, une longue chaîne montagneuse effet de la divergence des plaques tectoniques américaine, eurasiatique et africaine. Presqu’entièrement sous-marine, cette dorsale fait surface en Islande. Ce qui explique l’intense activité volcanique de l’île, sa géothermie extravertie (geysers, solfatares, mofettes, etc.) et son transformisme (à l’échelle géologique). Entre 1963 et 1967, on a ainsi pu assister à la naissance d’une île volcanique, au large de la côte sud : Surtsey, aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.
Au centre de l’île, les hautes terres se situent au-dessus de 400 mètres. Ce sont de vastes plateaux souvent désertiques sur lesquels s’élèvent des reliefs discontinus. Les plus importants portent de puissants glaciers : Vatnajökull, Hofsjökull, Langjökull, Myrdalsjökull. Déserts de lave et de glace. Au sud, le littoral est festonné, évidé de baies, entaillé de fjords profonds. L’ouest est particulièrement dentelé : baie de Faxa, qui abrite Reykjavik, et découpage extravagant des Vestfirdir (“les fjords de l’ouest”), par exemple. Leur turbidité permet de distinguer les cours glaciaires de ceux qui sont issus de sources ou de lacs. Les deux plus longs fleuves du pays, le Thjorsa et la Jökulsa á Fjöllum, sont d’origine glaciaire. Le Thingvallavatn (sud-ouest) est le plus étendu des lacs naturels islandais ; l’Öskjuvatn (centre) le plus profond, 220 mètres ; mais l’activité glaciaire en a installé beaucoup, de toutes tailles. Parmi les plus beaux des grands : Myvatn, Jökulsarlon, Kleifarvatn, Fjallsarlon, Kerid. L’hydrographie islandaise est conséquente.
Faune et flore
Hormis quelques bois épars de bouleaux pubescents, la végétation islandaise est rase. Les fleurs sont discrètes ; néanmoins, elles font des clins d’œil colorés : le cirse faux hélénium du violet, la vergerette boréale du mauve léger, la potentille de Cranz du jaune, la dryade à huit pétales du blanc, la véronique buissonnante du bleu. Les mousses – Racomitrium, surtout – et les lichens – Stereocaulon, souvent – colonisent les champs de lave. Il y a des landes et des tourbières. D’ailleurs, les maisons de tourbe ont longtemps été le lot commun des Islandais. On rencontre des bruyères, la callune, la camarine noire, des roseaux, des carex, des joncs, la myrtille des marais, le raisin d’ours, le saule à feuilles de thé et le bouleau nain. Le lupin d’Alaska est invasif (dans le parc national du Vatnajökull, par exemple). La ravissante dryade à huit pétales, qui vient sur les laves refroidies et dans les rocailles, est la fleur de l’Islande.
Les oiseaux abondent, notamment marins et limicoles. Le macareux moine est assez emblématique. La sterne arctique presque autant. L’Islande rallie la moitié de la population mondiale de grand labbe. Dans les falaises de Latrabjarg, elle possède la plus populeuse colonie de petits pingouins. Le grèbe esclavon, le puffin des Anglais et l’océanite cul-blanc, le lagopède des saules, le bécasseau à poitrine cendrée, la bécassine sourde, la starique cristatelle, le corbeau freux, la mouette rosée, entre bien d’autres, s’observent. Les anatidés sont nombreux : canards chipeau, colvert, à faucilles, pilet, sarcelle d’hiver, sarcelle d’été, sarcelle à ailes vertes, oies cendrée, rieuse, à bec court, eider à duvet, fuligule milouin, bernache cravant, bernache nonnette, cygne chanteur, etc. Parmi les rapaces, il faut mentionner le faucon gerfaut, le pygargue à queue blanche et le harfang des neiges.
Il semble que le renard polaire soit arrivé en Islande par ses propres moyens. Ce serait le seul mammifère terrestre dans ce cas. Le renne, par exemple, a été implanté au XVIIIe siècle. Le lapin de garenne et le lièvre variable sont d’autres importations. De loin en loin, les floes amènent un ours blanc. Les mammifères marins sont plus nombreux, à commencer par les phoques : commun, gris, du Groenland, à capuchon (désormais rare). Parmi les cétacés, le grand cachalot, la baleine à bosse, l’orque, le dauphin à bec blanc, le globicéphale noir, le rorqual commun et la baleine de Minke sont réguliers. Les deux derniers étant encore chassés sous quotas. Par ailleurs, les eaux islandaises permettent de composer un bel étal de poissonnier : morue atlantique, aiglefin, merlan bleu, lieu noir, flétan de l’Atlantique et du Groenland, plie commune, sébaste orangé, baudroie, loup de l’Atlantique, capelan, hareng, maquereau, etc. Auxquels on peut ajouter langoustines communes, bulots, moules communes, crevettes nordiques. La lompe n’est prise que pour ses œufs. Dans les eaux douces, on trouve saumon atlantique, truite brune, omble chevalier, anguille européenne.
De peu d’encombrement, pas difficile, procurant lait, viande et laine, le mouton était embarqué dans les drakkars, car il fournissait un soutien précieux aux établissements overseas. Il a été introduit en Islande par les Vikings. Tout comme le cheval. L’un et l’autre animal sont restés proches de leurs aïeux médiévaux. L’islandais est un petit cheval robuste, utilisé à la randonnée et à la course. C’est aussi un cheval d’allure. Il participe encore au rassemblement annuel des moutons, le göngur. Une fierté nationale. Le berger islandais est le seul chien insulaire (à partir bien entendu d’ancêtres norvégiens). C’est un petit spitz sympathique, bon manœuvrier. Il y a une vache islandaise, l’Islenska kyrin. Surtout laitière. Une chèvre islandaise. Et un poulet islandais. Bref, les animaux amenés sur l’île par les colons sont tous devenus, s’adaptant aux conditions locales, islandais. Et tous ont des profils génétiques à part.
Situation environnementale
D’abord, une bonne nouvelle : l’air est l’un des plus sains au monde. Énergie géothermique, hydroélectricité, population modeste, politique environnementale déterminée contribuent à ce résultat positif. En revanche, le pays connaît un réchauffement climatique rapide. Les températures montent, les glaciers fondent, au sud et à l’ouest notamment. Et les premiers moustiques – Culiseta annulata – sont arrivés. On notera que les éruptions volcaniques, émettrices de dioxyde de soufre (que sa toxicité rend problématique par ailleurs), n’accentuent pas le réchauffement. D’une part, sa situation géologique permet à l’Islande de limiter l’utilisation d’hydrocarbures ; d’autre part, elle est sensible aux modifications du climat à l’échelle mondiale. Sur place, les Islandais sont à la fois énergivores et informés des enjeux environnementaux. Comme ils sont peu nombreux, ce paradoxe somme toute classique porte moins à conséquence qu’ailleurs. Néanmoins, l’automobile, par exemple, est le moyen de transport standard. À cet égard, l’hydrogène pourrait fournir une solution. Le pays est en pointe en ce qui concerne les énergies renouvelables (qui entrent déjà à hauteur de 70% environ dans la consommation énergétique totale). L’électricité islandaise est 100% green. La page des énergies fossiles est annoncée tournée vers 2050.
L’Islande entretient trois parcs nationaux. Au sud-ouest, Thingvellir est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco pour des raisons historiques et écologiques. C’est dans ce secteur – faille Almannagja – que fut réuni l’Althing, au Xe siècle, et qu’il s’y tint longtemps. Site donc à haute valeur nationale. Le parc est un vaste graben, fossé tectonique, où sont certains des derniers bois de bouleaux du pays ; les conifères ayant été plantés au siècle dernier pour réarmer la sylve. Sous-bois, on trouve le géranium des bois, la renoncule âcre ou l’alchémille commune. La pauvreté islandaise en mammifères terrestres est manifeste, mais elle invite à s’intéresser aux sans-grades, comme la modeste souris sylvestre (arrivée elle aussi dans les bagages vikings). Le grand lac Thingvallavatn nourrit l’omble chevalier, la truite brune et l’épinoche à trois épines. Les oiseaux sont bien représentés. Des réguliers, comme le colvert, le garrot d’Islande, le harle huppé. De plus rares, comme le délicat phalarope hyperboré, la jolie bécassine des marais ou l’élégant courlis corlieu. La gestion du parc concilie protection et conservation avec les enjeux symboliques, une fréquentation touristique dense et une agriculture résiduelle. À l’ouest, au bout de la péninsule Snæfellsnes se trouve le parc du Snæfellsjökul, du nom du glacier couvrant le stratovolcan Snæfell. Sol de lave sur lequel viennent surtout des mousses ; où poussent quelques bouleaux et frênes. On voit des bruyères, la camarine noire et l’airelle, mais aussi le petit millet et le raisin-de-renard. Guillemots, petit pingouin, mouette tridactyle, fulmar boréal illustrent l’avifaune marine, tandis que la lande abrite le pluvier doré, le bruant des neiges ou le traquet motteux. Les phoques gris et communs sont ordinaires. Et si Snæfellsjökull vous dit quelque chose sans que vous y soyez jamais allé, c’est que vous avez lu Voyage au centre de la Terre de Jules Verne : son Sneffels est notre montagne. Le grand parc du Vatnajökull est spécialement marqué par le volcanisme, sommets records et déserts de lave à la clé. Le Hvannadalshnúkur s’y trouve. Le domaine protégé couvre une grande portion des hautes terres, au sud-est et est de l’île. Les reliefs s’élèvent brusquement sur des plaines peu mouvementées. Paysage de ruptures ; paysage de glace et de feu qui fait l’Islande unique. Une vaste superficie embrasse pourtant des milieux variés. Le secteur Snaefell Eyjabakkar, par exemple, est classée site Ramsar – zone humide d’importance internationale. Les classiques bouleaux pubescents et renards polaires sont présents. Avec un grand troupeau de rennes. Le bécasseau violet n’est pas frileux ; il est donc ici chez lui. La harelde boréale est bonne plongeuse et dotée d’un plumage Grand Nord ; elle est donc ici chez elle. Le gracieux phalarope hyperboré est polyandre et la femelle plus grande et d’une livrée plus flatteuse que le mâle. Ce qui est logique. Le grand labbe est nombreux. C’est un teigneux ; il ne fait profil bas que devant le pygargue. La bernache nonnette est une nouvelle venue, la contraction des glaciers lui ayant ouvert des espaces. Bref, les oiseaux, toujours.
Économie et tourisme
IDH en 2022 : 0,959 / France, 0,910.
PIB par habitant en 2024 : 82 703,86 dollars US / France, 46 150,49.
4,1% de croissance en 2023 et encore 2,8% attendus en 2025, l’économie islandaise fait envie. Quasi-autosuffisance énergétique, système financier stable, croissance des exportations sont des atouts maîtres. On le lit partout, mais c’est cocasse (et un effet inattendu de la géothermie) : l’Islande est le premier producteur européen de bananes. Territoires d’outre-mer exclus. Historique et techniquement avancée, l’agriculture islandaise est pourtant limitée par la surface exploitable, 1% de la superficie totale de l’île. La pêche, en revanche, est une grosse affaire. Elle représente autour de 60% des revenus du pays à l’exportation et 8% du PIB. La morue est toujours l’espèce reine, mais le maquereau a fait une entrée remarquée dans les filets. La disponibilité et le faible coût de l’électricité ont permis d’installer une métallurgie de l’aluminium performante. Un secteur manufacturier consistant aussi. Et les énergies renouvelables ont le vent en poupe. Les biotechnologies n’étant pas en reste. Les services sont ceux d’une économie développée.
Le tourisme est devenu l’un des piliers de la prospérité islandaise ; son chiffre d’affaires est désormais supérieur à celui de la pêche. La fréquentation a augmenté régulièrement à partir de 1950, puis elle a fait un bond dans les années 2000. On va vers les deux millions de visiteurs annuels. La nature phénomène de l’île est le motif principal des visites. Et les sites classiques aisément accessibles à partir de Reykjavik – Thingvellir, Gullfoss, Geysir – sont les plus visités. Alors que certaines régions semblent presque ignorées, Vestfirdir par exemple. Cette concentration n’est pas sans poser de problèmes. Répartir les voyageurs dans l’espace et dans le temps, adapter le niveau d’équipement, les infrastructures (la route circulaire notamment) – bref rééquilibrer cette présence – sont des nécessités. Enfin, la nature a donné lieu à une culture originale, qui est une ressource et un motif de visite tout aussi valable que les geysers ou les eaux thermales. La nouvelle cuisine islandaise a fait marquer l’île sur la carte du gastronome éclairé.