Espagne

48 heures à Grenade

48 heures à Grenade

Bâtie sur trois collines au bout de la plaine de la Vega, Grenade est la plus belle des Andalouses. De huit siècles de dynastie maure, elle a gardé palais et jardins à la beauté intacte. On aime ses vergers de vigne et d’orangers, les géométries subtiles de ses azulejos, la fraicheur de ses fontaines. Nos incontournables à faire à Grenade en 2 jours, du célébrissime Alhambra aux anciens quartiers maure et gitan.

 

Jour 1 - l’Alhambra

Le palais de l’Alhambra

Au piémont de la Sierra Nevada – neige éternelle malgré le soleil du Sud  – posé sur une montagne ocre, l’Alhambra, c’est LE palais des Mille et Une Nuits. A la fois résidence, forteresse, tribunal et gouvernement, c’est la plus grandiose des réalisations musulmanes en Andalousie, chef-d’œuvre d’une civilisation qui se sait menacée. Hammams et bassins, roses et citronniers, mosaïque et marqueterie, marbre, stucs et coupoles ciselées : des palais nasrides à celui de Charles Quint, des cours aux jardins, et jusqu’à l’Alcazaba, un condensé de raffinement.

palais de l’Alhambra

auris / Fotolia.com

 

Le jardin de l’Alhambra

A l’est de la forteresse de l’Alhambra, le Generalife, c’est l’ancienne demeure champêtre des émirs. Ses jardins sont les lieux les plus inspirés de l’Alhambra. Dans les potagers et la ferme maraîchère, on cultive les légumes anciens selon les pratiques médiévales ; les jardins d’agréments associent les techniques de culture de la Renaissances aux savoir-faire les plus contemporains. Les jeux de l’eau et de la pierre, le vent dans les grands ifs, le parfum des roses et des cyprès : on aime !

 

Dans le vieux quartier de l’Albaicin

Sur la colline qui fait face à l’Alhambra, l’Albaicin, c’est une coulée de maisons blanches face à l’Alhambra, qui garde des allures de médina : le plus ancien quartier de la ville, qui a conservé son plan médiéval, avec ses ruelles pentues et ses petites places, bordées de maisons mauresques et andalouses. On aime ses jardins d’ombre, citronniers et rhododendrons, bananiers et bégonias. On y va pour boire un verre en admirant le coucher du soleil sur l’Alhambra : c’est ici, du mirador San Nicolas, l’un des lieux les plus emblématiques de Grenade, qu’on a la plus belle des vues sur le palais nasride.

quartier de l’Albaicin

Labelverte / Fotolia.com

 

Jour 2 – Des arts et des lettres

Chez Federico Garcia Lorca (La Huerta de San Vicente)

Federico Garcia Lorca l’appelait l’usine de poésie : c’est dans cette maison, sa résidence d’été, qu’il écrivit la majeure partie de son œuvre. C’est également là que l’écrivain vécu les jours précédant son exécution par les phalangistes franquistes, au début de la guerre civile, le 19 août 1936 : « je suis un poète, on ne tue pas les poètes » répondait-il à ceux qui, le savant en danger, l’exhortaient à l’exil. Aujourd’hui maison-musée, la Huerta de San Vicente présente des objets du quotidien et des œuvres d’art offertes par ses amis au poète – des œuvres de Dali notamment. Incontournable.

 

Trois hommes, six cordes

L’Andalousie est indéfectiblement liée au flamenco, et le flamenco à la guitare. Depuis 40 ans, Antonio Marin Montero, Jose Marin Plazuelo et Jose Gonzalez Lopez fabriquent des guitares d’excellence, d’une pureté sonore inégalée. Les plus grands guitaristes jouent ou ont joué sur leurs guitares. Privilège de visiter leur lutherie, en privé, avec vue sur l’Alhambra depuis l’arrière-cour !

 

Grenade côté « street »

Il n’est pas classé au patrimoine mondial de l’Unesco, pourtant l’art de l’emblématique Nino de las Pinturas a fait de Grenade l’un des cœurs européens du street art. Le quartier de Realejo, loin des foules de l’Alhambra, est son terrain de jeu de prédilection. Alors on part en balade accompagné d’un habitant du quartier, qui nous fait découvrir les fresques du plus célèbre des street artistes andalous. Il nous emmène aussi visiter une carmen, la maison typique de grenade, où l’on prend place au jardin, entre verger d’abricotiers et roseraies, pour partager un thé avec ses propriétaires.

Nino de las Pinturas

Duque Molguero/Getty Images/iStockphoto

 

Au temps des gitans

Il faut grimper sur les flancs de la colline de Valparaiso, à l’est de la ville, dans un paysage aride ponctué de cactus, pour rejoindre le quartier de Sacromonte, « le mont sacré », berceau historique de la population gitane. On a le sentiment d’avoir quitté la ville. Ses habitations creusées dans la roche – les cuevas, sont des « grottes » vieilles de 500 ans ; ses agaves et figuiers de barbarie, ses pistachiers et grenadiers évoquent un village de campagne. On y vient tard le soir, on y reste la nuit : dans la chaleur d’une grotte peinte à la chaux, entouré d’habitués granadinos, on découvre la zambra. Sueur, coups de talons sur le sol, guitares et chants au rythme lent : une danse de la passion, un rituel ici renouvelé chaque soir depuis près d’un siècle.

 

Par

MARION OSMONT

 

Photographie de couverture : Olga/stock.adobe.com