Elle fut au cœur des années 90 l’une des villes les plus dangereuses du monde. Elle est désormais l’une des métropoles les plus cools d’Amérique Latine. L’histoire de Medellín, c’est d’abord celle d’une résurrection. Des années Escobar à aujourd’hui, la deuxième ville de Colombie a su se réinventer et tourner le dos à son passé violent pour devenir attractive. Elle peut compter sur un climat idéal, une végétation aussi exubérante que sa riche scène artistique et culturelle et un sens certain de la fête. Dans la ville de l’éternel printemps, les nuits sont aussi belles que les jours.
Jour 1
10h
13 organisé
Il y a quelques années, cette commune populaire était un coupe-gorge. Aujourd’hui, le tourisme y a remplacé le trafic de drogue. Et le quartier est devenu l’un des emblèmes du renouveau de la ville et de sa résilience. Perché sur les collines de l’ouest de Medellín, la Comuna 13 a longtemps symbolisé les maux de la Colombie, entre trafic de stupéfiants et affrontements entre paramilitaires et rebelles. Depuis que la très controversée Opération Orion a « pacifié » le quartier en 2002, il s’est réinventé en espace culturel à ciel ouvert. Les stars du reggaeton viennent désormais tourner leurs clips dans ses ruelles aux murs ornées de graffitis, les street-artistes ont investi les coins de rue pour réaliser des performances surprenantes. Les vendeurs ambulants ont installé des échoppes un peu partout et les habitants du quartier ont transformé les terrasses de leurs habitations multicolores en bars et restaurants. À chaque balcon, un point de vue à couper le souffle se dévoile sur la ville en contrebas. Bref, la Comuna 13 fourmille de vie et d’animation, même si on peut regretter son côté attrape-touristes et les innombrables souvenirs à l’effigie de Pablo Escobar (qui n’a pourtant rien à voir avec le quartier). L’endroit a un charme indéniable et mérite tout de même la visite.
Brooke Laven/Pexels.com
12h
Le quartier le plus cool du monde, vraiment ?
On commande un Uber direction Laureles. En 2023, ce quartier fut désigné comme le plus cool du monde par le magazine Time Out. Une consécration inattendue tant Laureles n’a pas d’attraction particulière (si ce n’est peut-être le stade Anastasio Girardot qui s’embrase les jours de match). C’est bien ce qui fait tout son charme. L’âme paisa bat dans ses ruelles bordées d’arbres où les cafés côtoient les restaurants, les épiceries et les studios de yoga – un signe évident de sa gentrification. Au coin de ses rues calmes, on s’assied toujours sur des chaises en plastique pour commander, le soir venu, un verre d’aguardiente et une cubata. Bref, il fait bon vivre à Laureles et c’est déjà une certaine idée du cool.
13h30
Mondongo chez Mondongo's
Il est l’heure de s’attabler dans l’une des institutions de la ville. Depuis 50 ans, Mondongo’s régale les habitants de Medallo (le surnom de la ville) avec ses plats typiques de la gastronomie paisa. Sa spécialité ? Le mondongo, une sorte de soupe de tripes aussi réconfortante qu’effrayante pour les non-initiés. Ceux qui souhaitent opter pour un repas plus rassurant peuvent commander un ajiaco. Cette délicieuse soupe de poulet et de pommes de terre est servie avec du riz, de l’avocat et des arepas. La commande à peine prise, le serveur revient avec un plateau débordant de mets alors que vous n’aviez commandé un seul plat. C’est surprenant mais n’ayez pas peur, à Medellín (et plus particulièrement chez Mondongo’s), les portions sont particulièrement généreuses. On fait glisser le repas avec un bon jus de mangue ou une bière Club Colombia.
16h
Une place toute en rondeurs
C’est un musée à ciel ouvert. En plein centre-ville, la plaza Botero est ornée de 23 sculptures aux formes voluptueuses signées par le maestro au style si singulier. L’artiste colombien est l’enfant prodigue de Medellín. En 2002, il décide de rapatrier nombre de ses œuvres, disséminées dans des musées du monde entier, et de les installer dans sa ville natale. Depuis, Caballo, Mujer Vestida ou Maternidad s’épanouissent sur l’une des places les plus animées du centre. La légende veut que toucher les statues apporte chance et amour. On se prête au jeu avant de filer au Museo de Antioquia juste en face. Abrité dans un joli bâtiment Art déco, ce musée garde une belle collection d’art précolombien ainsi que d’intéressantes œuvres d’artistes contemporains. Attention, mieux vaut se rendre dans ce quartier en journée. À la nuit tombée, l’endroit devient vraiment intimidant.
Camaralucida1/Adobe Stock
19h
Persona grata
En fin de journée, on se dirige vers un bar qui tire son épingle du jeu : Persona. Une végétation luxuriante a envahi le patio de cette vieille maison du centre-ville. Éclairé par la lumière tamisée des bougies, on profite d’un apéritif sympathique en buvant de délicieux cocktails dans une semi-pénombre pas désagréable. Certains soirs, la cheffe colombienne Camila Velez investit la cuisine et accueille ses convives pour des dîners pop-up, toujours très spéciaux. À ne pas louper.
Persona/Droits Réservés
22h
La salsa
On dit que les Colombiens ont le rythme dans la peau. Une virée à la Pascasia est l’occasion de le vérifier. Ce centre communautaire à la programmation riche et éclectique se mue les soirs de week-end en une vibrante salle de concert. On y danse la salsa, le merengue ou la cumbia au gré des groupes qui s’y produisent. Pour rentrer chez vous, quand la fête est finie, préférez commander un Uber plutôt que de héler un taxi jaune, réputé moins sûr.
Jour 2
10h
Couleur café
En ce deuxième jour de balade, on se concentre sur Poblado, le quartier le plus moderne et animé de la ville. Rien de tel qu’un shoot de caféine pour débuter la journée. Situé à proximité de la région du café, Medellín peut s’enorgueillir de compter un nombre incalculable de cafés de spécialité où déguster les meilleurs crus du pays. Parmi ceux-ci, Pergamino, qui compte 8 boutiques un peu partout en ville, est probablement notre favori. Son flagship de la via Primavera permet de goûter les cafés colombiens de la plus haute qualité. On apprécie également la philosophie de la maison : Pergamino travaille main dans la main avec plus de 1500 producteurs à travers le pays. La marque a pour mission de créer une chaîne de production transparente et durable qui permette aux petits agriculteurs de vivre dignement de leur travail. C’est donc le meilleur endroit pour faire le plein de café.
12h
Manille en Colombie
Avec ses petites rues à la végétation luxuriante parsemées de cafés et d’hôtels-boutiques, le petit quartier de Manila est l’un de nos coups de cœur ! Au sud de Poblado, cette enclave de maisons basses qu’ont investi restaurants et boutiques indépendantes, mérite une jolie balade à l’ombre des goyaviers et des manguiers. On peut même y revenir le soir pour boire un verre, sur le rooftop de Palma Piton par exemple.
Palma Piton/Droits Réservés
13h
Café Dragon
À 5 minutes à pied de Manila, en remontant vers la Plaza Poblado, voici le Café Dragon. Ce qui était autrefois une église abrite désormais l’un des meilleurs cafés-restaurants de la ville. Dans cet endroit branché, la décoration se veut éclectique : ici se côtoient des tapis turcs, une végétation abondante et des meubles très fifities. On y vient au gré de ses envies pour boire un latte le matin, manger un morceau le midi ou profiter d’un cocktail sur fond de disco le soir venu. Pour le déjeuner, les empanadas de pate phyllo au boudin ou le bun de chicharron valent le détour.
Café Dragon/Droits Réservés
16h
Balade à Provenza
Cette petite rue animée est devenue en quelques années l’épicentre de la hype à Medellín. Il faut dire que Provenza – qui, selon la légende, doit son nom à un arbre ramené de Provence par un habitant du quartier – a quelques arguments à faire valoir. Elle est piétonne, bordées de bars et de restaurants sympathiques et traversée par un ruisseau qui donne la sensation d’être au milieu de la jungle. On comprend pourquoi la star locale Karol G lui a dédié une chanson devenu un hit mondial. Deux rues plus bas, la via Primavera accueille les meilleures boutiques de mode de la ville. On craque notamment pour les sacs de Chila, fabriqués à la main par des femmes indigènes wayuu.
17h30
Apero Social
Que ça soit pour regarder un match de football de l’Atletico Nacional, boire un verre entre amis ou observer la foule un verre d’aguardiente à la main, le Social est l’endroit parfait. Ce café qui fait aussi office de petite épicerie de quartier fut l’un des premiers établissements à asseoir la réputation de Provenza. Depuis, cette institution du quartier installée à un coin de rue agréable a ouvert deux autres enseignes tout aussi sympas dans d’autres rues du Poblado. On commande un chicharron et une bière fraîche en profitant de l’ambiance du début de soirée.
19h
Diner gastronomique exotique chez X.O
Si l’envie vous prend de manger autre chose que les roboratives spécialités colombiennes, si vous en avez assez de la bandeja paisa et des frijoles, sachez qu’il existe des alternatives plus délicates. Depuis quelques années, la scène gastronomique de Medellín est en plein renouveau. Plusieurs chefs locaux ont décidé de s’approprier les ingrédients du terroir local pour créer leur menu gastronomique. C’est notamment le cas chez X.O qui propose une exploration de la Colombie par l’assiette dans un cadre coloré. Au menu notamment, des ingrédients inconnus en France comme le tucupi (une sorte de jus de manioc), le cupuaçu (un étonnant fruit amazonien proche du cacao) mais aussi des plats intrigants et délicieux comme ce crabe bleu des marécages et bouillon de légumes rôtis, servi dans sa carapace.
XO/Droits Réservés
23h
Toujours la fête
Ville musicale par excellence, Medellín est devenue ces dernières années la capitale mondiale du reggaeton. C’est dans cette ville qu’ont débuté quelques-uns des artistes latinos les plus écoutés au monde comme J.Balvin, Maluma ou encore Karol G. Très attachée à sa ville natale, La Bichota a ouvert l’an passé la discothèque El Callejon del Gato en plein cœur de Provenza. On ne pouvait pas quitter Medellín sans se déhancher au rythme du perreo, un verre de rhum-coca à la main.
El Callejon del Gato/Droits Réservés
Par
ARTHUR JEANNE
Photographie de couverture : Juan Nino / Unsplash.com