Publié 8 août 2014
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Entre San Francisco et Los Angeles, le Highway 1 est une route cinématographique en 3D où le spectacle de la nature, sans cesse recadré, saute aux yeux comme une série d’effets spéciaux ; une épopée de la conquête d’un Ouest extrême qui s’achève sur des péninsules montagneuses, dans l’écume des flots bouillonnants d’un Océan pas vraiment Pacifique.
Dans un long travelling sinueux, révélations mystiques, morceaux de bravoure et scènes idylliques se succèdent, peuplés de héros de la fortune et d’artistes illuminés. La bande son égrène en ouverture les premières notes d’une symphonie pastorale et agricole avant de résonner des tumultes marins qui rebondissent des falaises pour aller se perdre dans les cathédrales des forêts de séquoias. Parfois l’éclat du soleil y est brûlant et aveuglant comme les sunlights avant de s’estomper dans une brume mouillée d’embruns. Les nuages y vont et viennent, s’accrochant et se déchirant de pics en pics, plongeant le spectateur dans une grisaille épaisse, qui peut le dérouter, en un virage, vers les côtes bretonnes. Mais au final de chaque épisode quotidien, le ciel se dévoile et les rayons des lumières du couchant irradient les nuées, en cinémascope et technicolor. Devant ce show, Henry Miller perché à Big Sur, le point le plus exaltant de ces rivages, s’écriait : « Ceci est le visage de la terre tel que le Créateur le voulait. »

De ImagineBig Sur par Joel Bear
Nombreux sont ceux qui se sentent sur ces côtes au plus proche du paradis. En commençant par les étudiants de l’Université de Santa Cruz, première halte culturelle au sud de San Francisco qui se croient certainement dans le jardin d’Eden sur un campus qu’ils partagent avec les cerfs, les biches et les ratons laveurs. Un peu plus bas sur la côte, les familles d’immigrants italiens trouvèrent enfin la fortune, en faisant de Castroville, le plus grand champ d’artichauts du monde. Pour couronner leur réussite agricole ils proclamèrent même en 1948, première « Reine de l’Artichaut » une future déesse de l’écran, Marilyn Monroe.
Plus au sud, les sardines mises en boîte à Monterey sur « Cannery Row » firent de John Steinbeck un auteur heureux qui habita à coté des entrepôts des conserveries lui fournissant les ambiances, et les effluves, d’un roman à succès « La rue de la sardine ». Des entrepôts où se pressent maintenant -comme dans une boîte évidemment- des familles en goguette se bourrant de hot-dogs et d’ice cream. Plus huppés sont les voisins de Pebble Beach et son « 17 miles Drive », une route privée au péage exorbitant qui traverse de superbes terrains, échancrés par les flots, qu’une concentration impressionnante de millionnaires golfeurs partagent avec des bandes de phoques lustrés. C’est un cyprès solitaire accroché sur un rocher battu par les vents et les marées qui en est l’enseigne trompeuse.

Lone Cypress - Pebble Beach par Ludovic Jacome
En passant par Carmel, Clint Eastwood, l’ancien maire de cette coquette station balnéaire, maquillée comme une starlette, est épatant dans un rôle d’hôtelier. Il eut la bonne inspiration d’acquérir un immense pré salé où paissent des moutons photogéniques, pour préserver et animer la vue de son Mission Ranch. Un hôtel ressemblant à un décor panoramique, fait de pavillons blancs et fleuris, ouverts sur la baie et la réserve naturelle de Point Lobos, cap nébuleux allongé à l’horizon.

Carmel par Ludovic Jacome
Big Sur est la star absolue de ce scénario routier avec son amoureux fougueux Henry Miller qui affolait leurs admirateurs communs en courant tout nu autour de sa hutte, les nuits de pleine lune. Ce refuge escarpé pour écrivains et poètes, sages ou allumés, de Jack London à Jack Kerouac, est resté toujours accueillant aux nomades de l’extase, des beatniks « on the road » aux hippies bariolés, attirés par ses vibrations magiques. Il devint et demeure leur rendez-vous cosmique entre terre et mer où les fantômes des bucherons, les premiers à défriche ses forêts de séquoias et de chênes, flottent avec eux de clairières en criques. Les gardes-côtes surveillent l’accès aux vagues tels des maris jaloux car ils savent qu’il vaut mieux caresser des yeux les eaux tentatrices de Pfeiffer Beach, la plus belle de ses plages, léchant un sable irisé de pépites minérales, que d’y tenter des corps à corps. Quant aux vrais amants, suivant le bon exemple d’Orson Welles et Rita Hayworth, ils font craquer les planches des cabanes de la « Deetjen’s Inn » que « Granpa Helmuth Deetjen », fugitif norvégien, bâtit au fil des ans devenant avec sa « Granma Helen » les génies hospitaliers du lieu. Les fumées de leurs cheminées nordiques, bienvenues dans ce climat aux variations intempestives, et d’autres plus planantes, montent encore jusqu’aux terrasses, à mi-chemin du ciel et des cimes des arbres, de « Nepenthe », un établissement qui rassasie et désaltère vagabonds célestes et touristes assidus depuis 63 ans.

Julia Pfeiffer Burns State Park par Zoé Fidji
Au sud de la « Ventana Wilderness » deux étudiants Michael Murphy et Dick Price, oscillant entre psychologie occidentale et mysticismes orientaux, installèrent en 1962 sur les terres de la tribu disparue des Indiens Esselen un sanctuaire pour les corps, les âmes et la nature. Sur les 120 arpents de leur Esalen Institute où gargouillent des sources d’eaux brûlantes, on continue de résister à tous les dogmes en faisant épanouir son potentiel créatif, du potager bio au yoga tantrique, même si les dortoirs hippies ont fait place à quelques jolies résidences où les adeptes de la contre culture 60’s se sont métamorphosés en bobos new age mais nantis. Les visiteurs noctambules et fauchés peuvent tremper dans leurs fabuleux thermes accrochés juste au-dessus de l’océan, entre 1 heure et 3 heures du matin, pour une poignée de dollars.
Mirage au bout de la route, la « Cuesta Encatada », colline enchantée du magnat de la presse William Randolph Hearst est couronnée par un extravagant château, qu’il appelait, modeste, son ranch de San Siméon. Il mit, avec l’architecte Julia Morgan, près de trente années à bâtir les 157 pièces de quatre demeures, sorte de collage surréaliste de colonnes romaines, de tapisseries flamandes, de grilles médiévales, de statues égyptiennes, de plafonds Renaissance et de céramiques persanes. Une sublime piscine couverte « romaine », inspirée d’un mausolée en mosaïques de Ravenne, sauve l’ensemble du kitsch absolu. D’illustres vedettes d’Hollywood venaient y batifoler entourées de statues dénudées et danser jusqu’au bout de la nuit avec sa blonde maîtresse Marion Davies. C’est maintenant le Versailles de la Californie que l’on visite en troupes fermement disciplinées par des gardiennes qui en racontent l’histoire comme dans un magazine people.Et c’est ici que s’achève la plus trépidante séquence du Highway 1 sur la côte Pacifique, avant les épisodes des folies de Santa Barbara et de Malibu, mais ceci est un autre scénario…
Rencontres au bord du Pacifique
Par
Jean-Pascal Billaud
L’American Dream, ce n’est pas une chose immuable, il y en a autant que de voyageurs. Car si les États-Unis s’écrivent au pluriel, c’est qu’ils incarnent un nombre incalculable de mythes et de réalités, ways of life, canyons, villes mélomanes, îles paradisiaques, déserts et parcs nationaux par dizaines. Pour aborder les USA dans l’intimité malgré leur gigantisme et leur succès, Voyageurs a les clefs : des conseillers spécialistes d’une zone qu’ils connaissent sur le bout des doigts, une connexion wifi qui vous accompagne dans tous vos road-trips ou encore des concierges francophones capables d’improviser en live.
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Depuis un siècle, toute course vers l’Ouest, la mer et le rêve californien passe par les 4 000 kilomètres de ce ruban d’asphalte parti de Chicago pour s’échouer sur les rives du Pacifique – « la mère des routes », écrivait John Steinbeck dans Les Raisins de la colère. Née du projet visionnaire d’un homme, la Route 66 est un mythe américain, un miroir de ses espoirs et de ses contradictions. Des motels aux stations-service, elle raconte une Amérique profonde, populaire, éternellement en mouvement.
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