Malaisie

A la découverte de la Malaisie

A la découverte de la Malaisie

Aux plages blanches de la mer d’Andaman s’ajoutent réalisations d’avenir et patrimoine remarquable. De gratte-ciel en plantations de thé, en passant par sa street-food, la péninsule malaise fait le grand écart.

 

S‘il fallait une métaphore pour évoquer la Malaisie, le kaléidoscope s'imposerait comme une évidence. Dont Kuala Lumpur serait la parfaite illustration. Si la capitale entraine à grande vitesse le pays vers l’avenir, elle réserve aussi de délicieux petits coins cachés - marchés nocturnes, rues parfumées d’épices, façades victoriennes. La position de Malacca, sur le détroit éponyme, explique ses allures de patchwork. Un prince indonésien l’aurait fondée en 1400. Les Chinois s'y intéressent tôt, puis arrivent les Portugais, les Hollandais, les Anglais. Les uns et les autres ont laissé leur marque, les Portugais surtout. Malgré ses richesses architecturales, l’État de Penang, au nord, a choisi d’afficher sur son drapeau un palmier. Signe indéniable que les plus beaux trésors de la Malaisie sont ailleurs, dans sa nature. 

 

D'une côte à l'autre

À un tir d’ailes de là, au septentrion, l’archipel de Langkawi plonge ses pinacles de calcaire dans la mer d’Andaman.  Selon une Iégende (nombreuses en Malaisie), c'est ici que le Garuda, oiseau mythologique, y a son nid. Un choix judicieux que suivront les amoureux.  La côte ouest du pays, idéale de novembre à avril, collectionne les perles rares.  Mer émeraude, colliers d'ivoire surplombés de jungle, criques secrètes, cascades et piscines naturelles :  un véritable éden dont le cadre dessine le programme — yoga, tai-chi, trek, pêche au gros, etc. Les plus beaux fonds se cachent, eux, sur la côte est de la péninsule, à visiter d'avril à octobre. Des iles baignées de mer de Chine, Malaisie telles Tioman et ses eaux émeraude, Kapas, maternité pour tortues, et enfin les îles du nord-est : Lang Tengah et les Perhentian, paradis pour plongeurs débutants et confirmés, où s’épanouissent les dendrophyllias sous le regard rond des carangues et des requins-marteaux. 

anemone/Adobe Stock

 

Jungle impénétrable

À terre aussi, la nature est prolifique.  La Malaisie tient un véritable livre des records de la jungle : on y croise arbre tropical le plus haut (80 mètres) et la plus grosse fleur (carnivore) du monde, la rafflesia (jusqu’à un mètre de diamètre pour neuf kilos !) Quelque 800 espèces de fleurs, 900 de papillons, 600 d’oiseaux, de quoi donner le tournis. Le Taman Negara abrite l'une des forêts tropicales les plus anciennes au monde, (plus de 130 millions d'années).  II fut la première zone de nature protégée en Malaisie, il y a un siècle. Reptiles, chauve-souris, tapirs, éléphants, rhinocéros et singes peuplent également ces terres que l’on explore en silence, à pied ou en bateau. Étourdi de jungle, on prend la route des Cameron Highlands, région d’altitude qu’appréciaient déjà les colons anglais. Dans la brume matinale, une cabine téléphonique rouge mais surtout d'infinies collines vertes de théiers sont là pour le rappeler.

Gemma Cagnacci

 

In the mood

D'un côté, des arbres vieux de 200 millions d’années (la Mossy Forest), de l’autre le clinquant deuxième plus haut building du monde (Merdeka 118, à Kuala Lumpur). Entre les façades coloniales décaties de Malacca et les maisons d’architectes surplombant la jungle : un grand écart architectural. Pour s'en convaincre, il suffit d’explorer Kuala Lumpur dans les pas d'un expat (la capitale et son dynamisme économique arrive en tête des destinations les plus en vue pour travailler en Asie), passer en un clin d’œil de l’antique Loke Mansion (1892) au dernier rooftop en vue - le Blue, le Vouge, le Man Tao ? - pour trinquer, grignoter et plonger, regard rivé sur les tours Petronas. Dans l’assiette, même topo des modestes mamaks (stands de rues) aux hauts fourneaux de chefs internationaux, tel le très médiatique Gordon Ramsay, le pays récite la longue liste de ses influences (chinoises, javanaises, portugaises, indiennes - dont le banana leaf, curry de légumes, fait l’unanimité). Diversité encore lorsqu’il s'agit de poser ses valises : au coin de la cheminée d'un cottage anglais des Cameron Highlands ?, les pieds dans l'eau, à bord d'un bungalow échoué sur l’île de Langkawi ?, dorloté dans un spa bordé de jungle ? La Malaisie ou l'éloge de l'éclectisme.

Olivier Romano

 

Photographie de couverture : Olivier Romano